Lettre abbé de Montjoye, 1er janvier 2023

Chers fidèles de Saint-Georges,

Voilà déjà quatre mois que je suis à Angers, et moi qui pensais être presque en vacances ici après le rythme effréné de saint-Georges, espérant enfin avoir du temps pour lire , je dois reconnaître que je me suis trompé… le rythme est différent (moins fatigant le dimanche, il est vrai), la pause hebdomadaire chez mes parents à la campagne est une nouveauté appréciable, mais le travail ne manque pas, et tant mieux pour tout le monde.

Tout d’abord je vous souhaite à tous une bonne année 2023. Elle le sera, n’en doutons pas, si nous savons la vivre avec le Seigneur, sans perdre de vue sa présence mystérieuse en nous et autour de nous, qui nous aidera à affronter les épreuves qui ne manqueront pas de se présenter. Saint Paul nous assure que les épreuves de ce temps sont sans commune mesure avec le poids de gloire qui nous est préparé, et c’est un motif supplémentaire d’espérance. 

La messe en forme extraordinaire qui était célébrée dans une petite chapelle jusqu’en 2005 est célébrée depuis à l’église Notre-Dame des Victoires, faisant partie de la paroisse cathédrale. L’église date de fin XIXème début XXème. Il y a chaque jour une messe en forme ordinaire (célébrée par un prêtre du diocèse) et une messe en forme extraordinaire.  Je suis pour ma part officiellement vicaire à la cathédrale, où j’assure un service de confessions chaque mardi de 17h à 19h (confessions non-stop presque chaque semaine), mais je suis chargé spécialement de la forme extraordinaire à NDV.

J’assure aussi une fois par mois une messe en forme ordinaire (orientée, latine et grégorienne) à l’église saint-Laud. Elle est célébrée les autres dimanches par des prêtres de la communauté Saint-Martin (j’ai le projet de la déplacer à la cathédrale).

J’ai été très bien accueilli à Notre-Dame des Victoires par une belle communauté de fidèles (autour de 500 fidèles les gros dimanches), un pique-nique paroissial permettant de saluer beaucoup de monde, mais d’oublier, hélas, aussi vite les noms ! Il faut du temps pour retenir tant de têtes nouvelles.

La communauté compte beaucoup de jeunes familles et de jeunes, ce qui ne change pas trop de Saint-Georges, mais il n’y a qu’une seule messe dominicale à 11h (en raison de la messe célébrée par un autre prêtre en forme ordinaire à 9h30). L’horaire tardif de la messe fait que beaucoup de fidèles partent assez vite à la fin de la messe, surtout ceux qui ont de jeunes enfants ou qui habitent loin. Impossible de proposer des apéritifs en fin de messe, aussi j’essaye de proposer de temps en temps à ceux qui veulent de rester déjeuner.  Nous avons la chance de bénéficier d’une très grande salle pouvant accueillir 150 personnes, avec une grande cour attenante, très pratique pour ce genre d’activités.

Une fois par mois il y a une messe supplémentaire pour les scouts l’après-midi. Le groupe Europa Scout a été fondé il y a un an et rassemble une centaine d’enfants toutes unités confondues (louveteaux, louvettes, scouts, guides, routiers et guides-aînées). L’aumônerie est assurée par l’abbé Pierre Rineau, de la Fraternité Saint-Thomas Becket, qui célèbre la messe traditionnelle à Saumur.

Nous essayons de constituer une chorale polyphonique et grégorienne sur des bases plus larges et plus jeunes que le noyau fidèle qui était présent à mon arrivée. C’est une entreprise ardue, mais les débuts sont prometteurs. Priez pour que nous puissions motiver les nombreux jeunes un peu passifs dans l’assemblée. Je mesure la chance que nous avions à Saint-Georges avec nos chœurs si beaux le matin et le soir. En revanche l’orgue de NDV ne saurait rivaliser, ni de près, ni de loin avec les grandes orgues restaurées de Saint-Georges.

Le dimanche après les vêpres et le Salut, je pars à Durtal retrouver mes parents (1/2h de route à travers la belle campagne angevine, qui change de couleur au fur et à mesure des semaines et des mois). Je passe ainsi la journée du lundi en famille, profitant des bois pour dire mon bréviaire pendant ma longue promenade matinale (une bonne heure au minimum). Comme je suis heureux de retrouver la campagne ! 

Je célèbre la messe du lundi habituellement à la maison, la santé de mon père s’étant dégradée progressivement depuis fin octobre, notamment pour se déplacer. Autant dire que mon arrivée à Angers cette année est plutôt providentielle.

Les autres jours, j’assure la messe à NDV mardi et samedi matin, mercredi, jeudi et vendredi soir, avec adoration et confessions comme à Saint-Georges.

L’abbé Amiot, qui assurait la charge de la communauté avant mon arrivée, continue, heureusement pour les fidèles et pour moi-même, à assurer la messe du soir lundi et mardi, et à recevoir beaucoup de monde pour confessions et entretiens spirituels. Il confesse également pendant la messe du dimanche et aide à distribuer la communion, avec un autre prêtre, frère de la communauté Saint-Jean.

Je loge seul au presbytère de NDV, mais l’abbé Amiot y a gardé un bureau. Je suis d’ailleurs très bien logé, avec un immense bureau agrémenté d’une cheminée, où de belles flambées crépitent désormais régulièrement (je remplis mon coffre de voiture chaque lundi chez mes parents).

Pour les repas, j’en prends assez peu au presbytère, car il y a une table ouverte au presbytère de la cathédrale, et j’en profite habituellement les mardis et jeudi, parfois le mercredi. C’est le restaurant en face de la cathédrale qui fournit entrée et plat principal, et nous payons 7€ par personne et par repas (rien à dire). C’est très bon. La paroisse complète le reste du repas avec les « marmitons » locaux (qui sont un peu au chômage, par rapport à Saint-Georges !). Ces repas fraternels sont l’occasion de connaître les confrères et d’échanger entre nous. Nous sommes souvent 3 ou 4, parfois plus, notamment une fois par mois pour le repas de doyenné où nous pouvons être une douzaine. 

J’ai la chance de bien m’entendre avec mon curé qui me fait confiance et me laisse une marge de manœuvre assez grande pour organiser la vie de la communauté, ce qui m’a permis de proposer des activités nouvelles : cours pour lycéens, étudiants et jeunes pros, adultes, cours sur la Bible, la liturgie, groupe des jeunes couples… La fréquentation est fluctuante pour les étudiants, mais les jeunes couples sont très demandeurs. Près d’une vingtaine de couples de moins de 5 ans de mariage se rassemblent ainsi chaque mois, mais nous avons fait le choix de répartir le groupe sur deux ou trois soirées mensuelles, ce qui me prend donc trois fois par mois (en plus d’un autre groupe de foyers). J’ai proposé en arrivant aux fidèles de m’inviter pour faire connaissance, puisque c’est difficile en sortie de messe. J’ai au compteur déjà une trentaine d’invitations depuis mon arrivée, sans jamais être allé deux fois chez les mêmes. Bref, vous pouvez deviner que je ne m’ennuie pas ! 

J’ai eu la joie de retrouver quelques têtes connues parmi les fidèles, anciens paroissiens de Saint-Maurice ou de Saint-Georges, ou anciennes connaissances de Versailles et Perpignan, et même un camarade de promo de Saint-Cyr, sans parler de ceux qui se sont arrêtés à l’occasion d’un passage dans la région. Cela fait toujours plaisir. N’hésitez pas à faire signe si vous passez par là, vous avez mes coordonnées.

Croyez bien que je n’oublie pas mes anciens paroissiens, spécialement ceux qui ont été les piliers de Saint-Georges, cette si belle paroisse. Je pense très souvent à vous, fidèles et pasteurs de Saint-Georges, et je suis heureux de suivre de loin la vie de la communauté, en particulier grâce au bulletin mensuel (je n’ai pas de bulletin à faire ici, seulement les annonces de la semaine, ce qui prend déjà du temps).

Je profite de ces brèves nouvelles pour vous remercier encore de votre amitié et de votre générosité à l’occasion de mon départ. Je sais que Pierre Henri-Rousseau (que je n’ai pas réussi à mettre dans mes bagages…) prépare une toile de sa composition qui sera pour un rappel permanent de mes années auprès de vous. J’enverrai un petit mot personnel de remerciement à chacun des participants quand l’œuvre me sera parvenue. Pardonnez mon retard à vous remercier par écrit, mais croyez que ma prière reconnaissante est déjà montée vers Dieu.

Je vous assure de mes prières pour vous tous et vos familles, vous souhaitant paix et joie, non pas celles que le monde donne, mais celle qui nous vient du Christ et de l’Esprit Saint.

Prions pour notre regretté Benoît XVI, et je crois pouvoir dire sans crainte, prions-le, pour nous et pour l’Eglise, pour le pape, les évêques, les prêtres et tous les fidèles. Comme il l’écrit dans son testament spirituel (de 2006), gardons la foi, sans nous troubler devant la violence de la tempête qui fait rage. Le Christ est déjà vainqueur, il est dans la barque, il a fondé son Eglise sur Pierre et ses successeurs et la promesse de son assistance vaut pour tous les temps, y compris le nôtre, y compris les derniers temps. Gardons la foi intégrale, donc aussi dans ce mystère de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Et l’unité de l’Eglise ne repose pas que sur l’unité de foi ou de sacrements mais aussi sur l’unité de gouvernement et de communion. AMEN !

En grande union de prière avec ma fidèle amitié


Pour écrire à l’abbé de Montjoye : Presbytère de ND des Victoires, 3 rue de l’Aubrière 49100 ANGERS